Encore un de ces matins tristes de l’hiver.
De ceux qui vous font regretter la chaleur de l’âtre et le crépitement des flammes qui consument le bois lentement.
J’étais dehors à errer, je ne savais pas réellement où aller chercher cette créature.
Elle vivait le jour comme nous c’était déjà un avantage certain que je n’ais pas à vivre la nuit pour la traquer.
Par contre nous savions juste qu’elle était responsable de plusieurs meurtres bizarres mais aucune réelle idée ni de ses mobiles ni de ses futures victimes.
Clovis travaillait dans la police. C’était une pièce maitresse de notre équipe, grâce à lui nous pouvions avoir accès aux enquêtes en cours ainsi qu’aux preuves et autres pièces à conviction.
D’ailleurs je devais passer un concours quelques mois plus tard pour tenter d’intégrer moi aussi les services de polices.
De plus l’organisation qui ressemblait dans sa structure et ses pouvoirs à des services d’espionnages nous fournissait aussi de nombreux indices et renseignements.
Mais impossible de loger comme disait Clovis notre change-forme.
J’avais fait de nombreux croquis sur des cartes de paris indiquant les meurtres qu’on pensait pouvoir attribuer à la créature, mais je n’arrivais pas en reliant ses points à former un dessin, une figure géométrique ou n’importe quelle chose ayant une signification comme on le voyait toujours dans les films.
Après tout ce n’était pas un film.
Ce jour là je me baladais entre deux des points que nous avions déterminés.
Je regardais les gens qui passaient et me croisaient. Finalement on ne se réjouit jamais assez de ce que l’on a et on oublie parfois la chance que l’on a d’être insouciant et de pouvoir profiter de la vie. J’enviais tout particulièrement les amoureux qui se tenaient par le bras et riaient ensemble dans le froid matinal.
C’est en suivant du regard l’un de ces couples que je décidais de déclencher mon pouvoir plus par ennui et amusement qu’autre chose.
Et dans mon champ de vision je vis passer une forme si rapidement que je pensais l’avoir imaginée.
C’est lorsque je vis cet espèce de petit lutin qui ressemblait plus à un petit singe avec sa grande queue poilue que je compris que cette fugace vision était bien réelle.
Il me regardait et avait posé son postérieur sur le dossier d’un banc métallique.
Lorsque je fus proche de lui il me fit signe de ne plus bouger et m’adressa la parole :
-Tu es bien Gabriel c’est exact ?
-A qui ais je l’honneur ?
-Quel mot n’as-tu pas compris dans ma question jeune homme ?
-Mais enfin qui êtes vous ?
-Et bien il semble que Caïus est fait un bien mauvais travail d’éducation sur toi mon enfant.
-Mais… mais…
-Allez allez ne reste pas là bêtement d’autant plus que tu es le seul à me voir et que je ne pense pas que les gens autour de nous vont trouver poétique le fait que tu parle à un banc métallique…. Allez met moi sur ton épaule et je t’indiquerais le chemin.
Sans réfléchir plus et sachant qu’il avait parfaitement raison, je le pris doucement et le posait sur mon épaule. Puis je commençais à reprendre ma ballade.
-Mon nom est sans importance, sache que je suis un petit messager de l’organisation.
-Ernest c’est ça ? Tu es Ernest ! Mais Caïus m’avait parlé d’un fantastique combattant aux pouvoirs dévastateurs ?
-Il exagère tout le temps… Il va falloir que je lui en touche deux mots. Mon seul réel pouvoir est ma vitesse que tu as pu voir, qui est exceptionnellement élevée. Dis-moi Gabriel, je viens te prévenir qu’un nouveau meurtre a eu lieu à quelques pâtés de maisons d’ici, et que Clovis doit déjà être sur les lieux.
Il serait bien que tu t’y rendes aussi récolter les premiers indices et les premières constatations.
Il semble qu’encore une fois ce soit une prostituée. Ca me rappelle ce docteur maboule qui a sévit au bord de la tamise lorsque je travaillais à Londres. Comment l’avaient ils surnommés déjà ?
-L’éventreur ? Jack l’éventreur non ?
-Oui Jack c’est exact ! Quelle histoire… C’était un esprit, tu ne le savais pas n’est ce pas ?
Il était convaincu de travailler pour Dieu et de laver la ville de ses péchés… Un vrai malade je te dis… Heureusement il fut détruit par l’un des notre. Enfin bon rien à voir ici d’après les premiers indices puisque nous avons affaire à un change-forme.
-Comment en êtes vous aussi sur ?
-Bonne question mon garçon tu iras loin tu sais !
Parce qu’une caméra du quartier a filmé notre homme peu de temps après l’un des meurtres. Et que ton pouvoir n’est pas unique. L’un de nos hommes s’en est servit sur la vidéo et a put identifier notre agresseur, et comme tu le sais les change-formes ont un physique très particulier.
-Mon pouvoir marche sur de la vidéo ? (Je n’avais jamais imaginé l’étendu de celui-ci)
-Oui l’image lorsque elle est capturée dans notre réalité, l’est avec les choses de notre réalités…C’est comme si la caméra filmait plusieurs images superposées.
Ne t’est tu jamais demandé comment certains de vos congénères avaient réussi à photographier des esprits.
-Je croyais que c’était des faux ?
-Non c’est ce que nous faisons croire pour éviter une publicité qui nous desservirait…
Toujours est il que ce sont des distorsions qui font que l’image dans ta réalité imprime des choses de ma réalité au lieu que l’image soit différente dans chaque réalité c’est comme si elle fusionnait entre les différents espaces… Mais fort heureusement c’est rare et tes congénères ont plutôt tendance à ne croire que ce qu’ils peuvent voir, ce qui n’est pas le cas de ma réalité.
Enfin pour en terminer nous avons donc l’image de notre individu, mais malheureusement personne ne le connaît.
D’après certains indicateurs un groupe d’êtres de ma réalité est arrivé des Balkans.
Et il semblerait que notre homme en ai fait parti.
-Est-ce que le lieu du meurtre est encore loin ?
-Sois patient mon garçon, nous arrivons. Au fait Caïus aurait pu te fournir des lunettes de soleil pour les moments ou tu utilise tes pouvoirs sans discontinuer comme maintenant.
Le nombre de gens que nous croisons qui te regardent comme un fou ou un drogué… Il faut dire aussi qu’un gamin aux yeux rouges qui parle tout seul hahahaha quand j’en parlerais dans le service je sens que tu vas devenir notre nouvelle mascotte…
-Tu peux éviter de me parler comme si on se moquait de quelqu’un d’autre ?
-Tiens tourne donc à gauche là et suis la petite impasse. Clovis est au bout il t’attend.
Je ne sentis qu’une légère pression lorsque d’une impulsion il quitta mon épaule pour s’en aller et je ne parvins pas à suivre son image tellement il allait vite.
Je me retournais pour regarder à nouveau dans cette impasse.
Et si enfin notre homme avait fait un faux pas.