Ishaan vit les yeux de Gerrit et même sans son immense sagesse, il comprit qu’une chose horrible était en train de se passer.
Il savait ce qu’était un berserk et il savait aussi qu’il avait intérêt à trouver rapidement une solution pour faire disparaître cette rage.
Il se rappela avoir un parchemin de calme dans sa pochette.
Tout en reculant lentement il commença à vider sa pochette en cuir afin de remettre la main dessus.
Gerrit avançait vers lui mais au ralenti, comme un chat qui joue avec sa proie.
Ishaan suait à grosses gouttes, mais qu’avait il fait de ce maudit parchemin.
Il reculait toujours et était retourné dans la pièce ou ils s’étaient réunis avec Lazareus.
Il était dans les parchemins qui contenaient des sorts, il ne devait plus être loin.
Gerrit lui avait commencé à accélérer le mouvement, le chasseur voulait en finir avec sa proie…
Ishaan se rendit compte que Gerrit arrivait sur lui, il trouva enfin le parchemin et se lança rapidement dans sa lecture à haute voix.
Au moment ou Gerrit se trouvait presque à portée d’épée, Ishaan finit de lire le sort.
Le parchemin se désintégra alors que le sort se libérait et partait en direction de la cible.
Gerrit se réveilla l’épée levée prêt à la faire s’abattre sur Ishaan.
Il comprit que la rage avait presque faillit tuer son ami.
Il lâcha son arme, qui glissa à ses pieds et tomba en faisant un bruit métallique sur le sol de pierre.
La dague dans son dos se rappela à son souvenir et il tomba à genoux sous le coup de la douleur.
Ishaan savait que lorsqu’un homme tombait sous le coup de la rage, les sensations disparaissaient, la douleur n’existait plus. Et un homme sous le coup de la rage pouvait se battre par delà même l’endurance de son corps. Mais lorsque la rage disparaissait, la nature reprenait son cours normal.
Lorsque la tête de Gerrit heurta violement le sol sans que celui ci ne fasse un geste pour ralentir sa chute, Ishaan sut qu’il n’avait que quelques instants pour essayer de sauver son ami.
Il arracha la dague du corps de Gerrit, puis il prit une petite fiole à l’intérieur de sa tunique et fit couler le contenu de celle ci entre les lèvres de Gerrit.
Au fur et à mesure que le liquide ambré s’écoulait dans sa gorge, Ishaan voyait la vie revenir dans le corps de son ami. Ses joues se coloraient à nouveau, et ses lèvres bougeaient comme pour aider le précieux breuvage à être absorbé.
Gerrit rouvrit les yeux doucement. Ishaan finit de lui faire boire la petite fiole.
Il regarda la plaie, elle s’était rebouchée sous l’action des pouvoirs de la potion, il ne restait comme trace de cette blessure que le sang sur la toile de la chemise de Gerrit ainsi que la déchirure dans celle ci.
Ishaan repris la fiole vide et la referma pour la ranger. Il laissa Gerrit reprendre ses esprits et commença à fouiller leurs assaillants.
Il entendait des bruits de combats venant des pièces autour d’eux.
Il ne découvrit dans les poches de leurs ennemis que quelques pièces d’or dont il les délesta.
Gerrit était en train de se relever doucement.
-Excuse moi bredouilla t’il.
-C’est oublié lui répondit Ishaan. Par contre la prochaine fois que tu as quelque chose d’aussi important que ça à me dire n’attend pas de me le faire découvrir en situation…
A ce propos il va falloir que j’aille faire le plein de sorts pour te calmer et te soigner durant notre petite ballade.
-Pour les potions, ne te fais pas de mauvais sang, mon ranger s’en occupe.
Un bruit de meuble cassé tout proche les ramena à la réalité.
Gerrit vit les papiers au sol :
-Reprend ta paperasse et allons nous en.
Le bruit d’un râle derrière la porte par laquelle était arrivé Lazareus finit de les convaincre de s’enfuir par l’autre côté.
Gerrit ramassa son arme et parti dans la pièce ou les deux hommes les avaient agressés.
Gerrit se dirigea vers la porte opposée et l’ouvrit d’un grand coup de pieds, les armes à la main.
Il jeta un coup d’œil dans le couloir mais rien ne semblait troubler la fin d’après midi d’automne qui soulevait des nuages de poussière fine dans les rayons de soleil.
Il fit rentrer le vieux sage dans le couloir et referma la porte derrière lui.
Il s’approcha d’une des ouvertures. Le bâtiment était conçu de telle manière que certaines façades étaient dans le prolongement des parois rocheuses du monticule sur lequel était l’hôtel de ville. La hauteur avec les rues pavées était bien trop grande pour que lui et le vieil homme saute par l’ouverture sans se casser le cou.
Gerrit partit dans le couloir et regarda subrepticement dans le coude de celui ci.
Il vit une ombre sur le mur en face de l’angle ou il se trouvait. L’ombre se rétrécissant, Gerrit en conclu que la personne responsable de cette ombre s’éloignait d’eux.
Le couloir se terminait en T en face d’eux.
Un bout qui partait vers où l’ombre avait disparue et un autre en face.
Gerrit fit remonter à Ishaan le couloir et prendre en face du couloir ou l’homme avait disparu.
Gerrit avait le choix entre deux portes. Une en face de lui et une autre entrouverte sur le côté gauche du bout de couloir.
Il choisit la porte fermée pensant qu’elle n’avait pas du être visitée.
Ishaan s’arrêta net, il regarda une torchère devant lui.
Il prit le bras de Gerrit et lui indiqua la torchère. Gerrit regarda celle ci circonspect.
-Oui et alors ? Chuchota-t-il
Ishaan tendis le bras et tout en laissant la torche dans son socle il la tira vers lui.
La torchère bascula vers lui et dans un silence surprenant un pan du mur pivota sur un axe.
Ishaan fit passer Gerrit et relâcha la torchère qui reprit sa place et passa dans l’ouverture alors que le mur commençait à reprendre sa place.
Ils se trouvaient dans un nouveau couloir parallèle à celui qu’ils venaient de quitter.
Une volée de marche descendant vers les entrailles du pic rocheux s’ouvrait devant eux.
La lumière était assurée par des éclats de pierres incrustés dans les parois et qui baignaient l’environnement d’une douce lumière verte.
Ishaan reconnu une pierre utilisée couramment en magie. Elle avait la propriété de dégager une lumière continue et douce.
Gerrit regarda les pierres et se tourna vers Ishaan :
-Bon et maintenant ?
-Et maintenant cherchons la sortie lui dit Ishaan.
Il ne leur fallut que peu de temps pour trouver une issue qui menait dans une petite cour extérieure hors des murs du bâtiment.
Ils sortirent en faisant attention à ne pas attirer l’attention et à ne pas être attendu, mais visiblement les assaillants ne connaissaient pas les passages secrets de l’hôtel de ville.
Gerrit se retourna et vit la fumée noire qui s’élevait du bâtiment public.
-Je ne sais pas si c’est le sceptre qui cherche vengeance, mais qui que ce soit, il est motivé et il a des moyens…
-Oui il semblerait que celui qui nous en veut est prêt à tout.
Ils commencèrent à repartir par les ruelles en direction du quartier Est.
Ils croisèrent des contingents de gardes de la milice des « écailles noires ».
Gerrit savait que l’assaut allait être circonscrit rapidement, mais il ne pouvait enlever de son esprit Lazareus et il espérait qu’il avait eu le temps de mettre sa femme en sécurité.
Quelque part entre deux dimensions dans une poche extra dimensionnelle créée par un sort d’une puissance redoutable, Lazareus finissait d’enfermer sa femme dans un sarcophage de cristal. Ici le temps n’avait aucune emprise et le sarcophage la protégerait des agressions extérieures.
De plus lui seul connaissait cet emplacement dans l’espace multidimensionnel et avait la puissance nécessaire pour ouvrir cette poche.
Il laissa sa femme après avoir déposé un baiser d’adieu sur le sarcophage.
Il espérait revenir triomphant avec les ingrédients qui lui manquaient.
Il se retourna une dernière fois lorsqu’il traversa la porte dimensionnelle.
Dans une caverne quelque part, Alishaüm regardait au travers des yeux de son porteur dans le miroir d’eau ou le sort de vision montrait à l’artefact l’attaque contre l’hôtel de ville.
Il avait beau chercher partout dans le bâtiment il ne trouvait aucun des corps qu’il souhaitait, malgré l’abondance de cadavres, aucun des trois.
Lorsque l’attaque avait débuté il avait jubilé. Les trois derniers réunis en un même lieu c’était plus qu’il n’avait jamais espéré. Mais le fait que les trois s’en soient sorti n’était pas ce qu’il avait prévu.
Il en avait assez de ce corps qu’il habitait. Ce jeune Asturien était inadapté à ses pouvoirs.
Il devait parfois se concentrer plusieurs jours d’affilé avant d’avoir accumulé assez de magie pour pouvoir lancer certains sorts.
Mais il devait au moins finir de l’utiliser pour accomplir son noir dessein.
Après tout quoi de plus humiliant que d’être tués par celui qu’ils avaient abandonnés comme morts des années plus tôt.
Dunrad rentra dans la chambre de l’auberge.
Kilsham était en train de préparer des sorts.
-Alors le prestidigitateur, où est le psychopathe ?
-Parti chercher des informations à propos de la femme du maire….