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Les enquêtes de Gabriel Manet – Le change-forme – Episode 1
--> La prise de conscience

Si je vous disais de but en blanc qui je suis et ce que je fais comme travail, vous ne me croiriez pas.

Je vais vous conter mes histoires mais attention, je sais bien que tout ce que vous lirez pourra vous sembler bien étrange voir impossible, mais réfléchissez bien, et si tout cela n’était que la vérité ? Ma vérité.

 

Tout a commencé en cette belle année du nouveau millénaire. L’an 2000 venait de commencer depuis quelques jours, et l’air glacial charriait les vapeurs de tous les souffles des passants.

Comme tous les soirs je rentrais à pieds de l’université, je n’ais jamais aimé prendre le métro et tous les transports en commun, je n’aime pas sentir tous ces corps près de moi, ces souffles chauds, ces odeurs. Il faut dire que j’ais un odorat plutôt développé et que ces moyens de transports favorisent la transpiration et les odeurs fortes et acides.

Ce soir là je marchais doucement observant les petits cristaux de glaces qui tombaient lentement autour de moi. Il neige rarement à gros flocons ici.

Au moment ou je regardais passer un oiseau au-dessus de la seine, je faillis lui rentrer dedans.

Il se tenait debout là à regarder appuyer sur le parapet comme s’il s’attendait à voir sortir quelque chose de l’eau.

Je m’arrêtais à temps pour ne pas le heurter.

-Et bien monsieur vous allez bien ? Un problème ?

Il ne me répondit pas. En fait, il ne me répondit jamais.

Et je ne comprenais pas pourquoi les gens me regardaient si bizarrement.

Alors que je regardais deux jeunes filles asiatiques qui passaient près de moi en me regardant de travers tout en chuchotant, je sentis un frisson bizarre. Je me retournais et il n’était plus là…

D’ailleurs l’odeur de poisson, que j’avais senti et que j’avais imputé à un coup de vent qui l’aurait remontée de la seine, avait disparue aussi.

C’est à ce moment là que je sentis sa main sur mon épaule.

-Gabriel, bonsoir mon enfant

Je me tournais et je vis cet homme, je ne pouvais pas définir son age avec certitude, mais je lui donnais entre 60 et 70 ans.

-Mon cher Gabriel, il faut que tu me suives j’ais des choses importantes à te dire.

-Mais comment me connaissais vous ?

-Les questions j’y répondrais plus tard pour l’instant vient avec moi.

Je le suivit sans vraiment ni savoir ni comprendre pourquoi mais j’avais confiance, je me sentais en sécurité avec cet homme.

Lorsque nous arrivâmes en bas de ce petit hôtel particulier du début du siècle dernier je me posais mille questions.

Il était resté silencieux tout le long de la promenade.

Il ouvrit le petit portillon en fer forgé qui grinça alors qu’il pivotait lourdement sur ses gonds.

-Allez Gabriel entre, les autres t’attendent à l’intérieur.

-Les autres ? Mais de quoi parlez-vous ?

Il me poussa doucement mais fermement avec le plat de sa main dans mon dos.

Je rentrais dans le jardin qui semblait presque à l’abandon.

Un lierre grimpait le long de la façade de la maison, il faisait ressortir les ouvertures de la vieille demeure.

Il me sembla voir un homme derrière une des fenêtres de l’étage.

Le vieil homme me dépassa et ouvrit la porte d’entrée.

De ces portes en bois lourd avec des petits carreaux de verres opaques.

Je m’attendais à l’entendre grincer comme dans les films d’angoisse. Mais il n’en fut rien, elle pivota tout en légèreté.

Je rentrais derrière lui, la demeure était richement décorée. Des tableaux pendaient aux murs du couloir. Je le suivais en direction d’une lumière qui filtrait d’une pièce au fond.

Dans ce couloir je ressentis plusieurs fois ce frisson.

Au fur et à mesure que nous nous approchions de cette pièce j’entendais murmurer plusieurs voix, il me semblait qu’ils devaient être une dizaine.

Lorsque nous entrâmes, je ne vis que 3 personnes.

-Mes amis, voici notre nouveau compagnon. C’est un chasseur lui aussi.

Je le regardais incrédule.

-Chasseur ? Excusez-moi mais je ne chasse pas, je n’ais jamais aimé faire de mal aux animaux.

L’étrange frisson me reprit. Et je les vis, tous….

Certains étaient assis sur le bureau de bois au fond, d’autres semblaient flotter dans les airs.

Je me mis à tourner sur moi-même en regardant de partout, je ne comprenais plus rien.

Le vieil homme m’attrapa par l’épaule et me stoppa net, je ressentit à nouveau cette force que j’avais senti plus tôt.

-Regarde le miroir Gabriel.

Et là je vis… Je vis mes yeux, rouge injecté de sang, non c’était encore plus que ça. Le rouge remplaçait la couleur blanche originale. En même temps je sentais ces odeurs de corps, de vieux vêtements poussiéreux.

Le frisson se fit à nouveau sentir, et nous n’étions plus que 5 dans la pièce.

Il flottait dans l’air uniquement l’odeur du feu de cheminée qui brûlait dans un angle et qui remplissait la pièce de sa douce chaleur.

Je regardais le vieil homme et je devais avoir certainement un visage décomposé pour qu’il prenne instantanément la parole.

-Gabriel, tu n’est pas comme les autres humains. Tu as un don, comme chacun de nous ici, et je ne parle que des vivants.

-Vivants ? m’entendis je répéter

-Oui Gabriel, ça peut te paraître étrange mais tu est capable de voir et d’interagir au-delà même de ce que tu pense être la réalité. Sache qu’en ce monde existe une autre réalité dans laquelle tu est capable d’aller et d’agir.

Tu as les dons du chasseur, c’est à dire que tu as les sens plus développés que la normale quand tu est dans ce monde là.

Moi, Caïus je suis un combattant, Anaïs que tu vois là est une enchanteresse, Clovis est un chasseur comme toi, et Eliane est aussi une combattante.

Nous travaillons pour une organisation secrète qui nous aide et nous finance.

Nos missions sont toujours en rapport avec les humains normaux, et souvent le but est de les protéger.

Mais je vais tout d’abord te laisse te détendre et dès demain nous commencerons les cours pour t’apprendre à utiliser et comprendre ta nouvelle condition. Quand je dis nouvelle, nous te surveillons depuis des mois maintenant, mais nous ne savions pas si tes pouvoirs allaient réellement se réveiller.

 

Et c’est ainsi que je devint Gabriel le chasseur…

Voici mes histoires.

 

Cela faisait 8 mois que j’avais intégré l’équipe et je n’avais toujours eu aucune mission. Mes collègues devaient gérer des problèmes de voisinages avec certaines créatures maléfiques ou tout un tas de choses diverses, et je ne pouvais rien faire, seulement m’entraîner et de temps en temps faire des recherches pour eux.

Je commençais à fatiguer de cette vie trop calme après tout j’étais un chasseur et je commençais à sentir cet instinct…

Clovis avait du découvrir l’antre d’un loup-garou la semaine précédente et j’avais tout tenté pour l’accompagner bien que je ne sache pas le but de sa mission. Mais je n’ais pas eu l’autorisation, et il était allé débusquer l’animal avec Eliane.

Ils devaient seulement négocier avec lui un départ pour un endroit plus calme car il avait tué dans ce quartier tous les animaux errants et les animaux apprivoisés qui dormaient dehors.

Les gens commençaient à penser à une bête sauvage mais ils étaient bien loin du compte.

Cette mission avait tourné à l’affrontement déjà certainement à cause des merveilleux talents de négociateurs de Clovis et d’Eliane mais aussi à cause du fait que tout le sang qui avait déjà coulé avait rendu fous le garou qui n’entendit pas raison, finalement mes deux amis finirent par le capturer durant la journée sous sa forme humaine et à l’enfermer de manière à ce qu’il ne puisse plus faire de mal autour de lui.

 

Jamais je n’aurais du les suivre ce jour là.

Ne sachant pas qui ils enfermaient, je me glissais après leur départ dans cette cave.

Le sarcophage en ciment était maintenu par de lourdes chaînes, et j’entendais cet homme appeler à l’aide tout en frappant sur le couvercle.

Mes amis avaient laissé des ouvertures pour que cet homme puisse respirer mais je me demandais comment il serait nourri.

J’avais pitié pour lui, j’utilisais mes nouvelles connaissances pour ouvrir les cadenas de ces chaînes et je les retirais lentement lorsque le couvercle sauta littéralement s’écrasant lourdement sur le côté. 

C’était la première fois que je voyais un garou et je n’y étais pas préparé, surtout pas près à voir sa transformation, ses lambeaux de chairs qui explosaient sous la pression des poils qui poussaient et sous cette métamorphose qui semblait si douloureuse.

Lorsqu’il se leva d’un bond tout en hurlant et bavant accroupi sur le bord du sarcophage une main griffue appuyée sur l’angle, je sut que j’avais fait une belle erreur de jugement…

 

Les chasseurs n’ont pas normalement a affronter les créatures, mais heureusement notre formation nous donne toutes les connaissances qui pourraient s’avérer nécessaire.

De plus grâce à l’organisation nous avons un équipement qui semble près à parer à toutes les éventualités.

 

Je sortis donc le poignard en argent que j’avais dans un étui sous mon aisselle gauche et je me mis dans la même position que le loup près à bondir au moindre de ses mouvements.

Je me concentrais pour déclencher mon pouvoir comme Caïus me l’avait enseigné.

Je sentis ses muscles se contracter avant qu’il ne bondisse et je pus anticiper en me laissant rouler sur la droite. Je levais mon poignard en avant au-dessus de l’endroit ou je me trouvais quelques secondes auparavant.

Il s’y empala en atterrissant les griffes en avant ou ma tête était précédemment.

Je savais les dégâts de l’argent sur un garou mais je ne l’avais jamais vu…

La plaie sembla prendre feu, le sang coulait comme de l’acide, noir, lourd, visqueux.

Il tourna la tête vers moi et je vis dans ses yeux toute la haine qu’il pouvait me porter.

Il passa sa main griffue sur son torse et regarda son sang qui coulait à gros bouillon.

Il pencha la tête en arrière et hurla, son cri me glaça d’effroi.

J’étais paralysé, ce n’est que lorsque le cri se transforma en gargouillis que je pus reprendre mes esprits.

Le garou avait une flèche plantée dans la gorge, et à voir le brillant qu’elle avait ainsi que les flots de sang qui s’écoulait de chaque côté se cette blessure, je compris qu’elle était en argent pur.

Je regardais en direction de l’endroit d’où semblait provenir la flèche.

Eliane était là l’arc encore en main une autre flèche dans sa seconde main, prête à continuer ses tirs mortels.

-Gabriel, lentement essaye en suivant le mur de te rapprocher de moi.

Je me redressais lentement tout en gardant un œil sur le garou qui s’acharnait sur la flèche tentant par tous les moyens de la faire ressortir.

Son cri horrible avait laissé la place à un bruit tout aussi horrible à mi-chemin entre un bruit de succion et le bruit que fait une canalisation encombrée.

Je remarquais que son torse était poisseux du sang perdu quelques secondes auparavant, mais je ne voyais plus trace de la blessure qui l’avait fait couler.

J’entendis Clovis avant de le voir, il avait contourné le garou et se trouvait dans la cave de l’autre côté de celui ci par rapport à Eliane.

Il avait un poignard dans chaque main et je compris qu’il devait porter celui d’Eliane en plus du sien.

Il avait plusieurs années d’expérience de plus que moi, et ça se sentait.

Il courut vers le garou au moment ou celui ci venait d’agripper la flèche et commençait à tirer dessus pour la faire sortir.

Clovis n’avait pas exactement mes pouvoirs, lui pouvait se transposer d’une réalité à l’autre.

Il devenait alors comme flou dans notre propre réalité.

Lorsqu’il arriva proche de la bête il commença à devenir flou.

Les garous sont les seules créatures qui n’ont aucune existense dans l’autre réalité, et qui sont uniquement ancrés dans la notre.

Je vis les mains de Clovis devenir tangibles lorsque son corps traversa celui du garou, les deux poignards étaient aussi revenus dans notre réalité et la tête de l’animal se détacha de ses épaules dans un flot de sang noir épais.

Elle roula lentement en rebondissant vers moi et s’arrêta sur le cou tranché. La gueule dans ma direction, les yeux figés comme surpris.

Eliane ficha une flèche dans le cœur du garou alors que celui ci venait de se dissocier de sa tête.

Le corps sous l’impact pencha en avant et tomba sur le sol lourdement dans une mare de sang épaisse.

 

Ce jour là je compris que je ne devais pas me fier à mes impressions, et que je devais avoir confiance en mes amis.

Ce jour là aussi je vis une créature mourir sous mes yeux pour la première fois.

 

Malgré ce que j’avais déclenché ce jour là je reçus les félicitations de Caïus pour avoir su réagir à l’attaque du garou.

Il décida de me confier ma première mission officielle et je pus enfin prendre part au combat de mes amis.

 

Je devais mettre hors d’état de nuire un change-forme…

Ces bêtes étaient capables de prendre n’importe quelle apparence.

Mais mon avantage était que je pouvais voir leur forme originale grâce à mes pouvoirs, seulement je ne pouvais utiliser mes pouvoirs en public, la traque risquait d’être longue et difficile. Mais depuis le temps que je m’entraînais, ce n’était pas le moment de flancher.

 

Ecrit par lonewolf_v, le Dimanche 10 Avril 2005, 01:08 dans la rubrique Nouvelles.

Commentaires :

Woofy
10-04-05 à 11:40

Sympa! Continue comme ca, c'est pas mal!