La nuit avait été courte, le temps de mettre au courant toute l’équipe de ce qui s’était passé, ainsi que de ce qu’il était nécessaire qu’ils sachent de leurs passé commun, ainsi que de préparer les futures embuscades qu’ils risquaient de rencontrer et le soleil pointait déjà à l’horizon.
Gerrit prit Dunrad avec lui pour aller chercher les prêtresses au rendez vous.
Les autres finirent de préparer les bagages et prendre soin des animaux pour pouvoir prendre congés dès le retour de leurs amis.
Illuël et Ayïuel étaient partis tôt le matin même.
Juste avant de sortir de la forêt Ayïuel fit s’arrêter son frère devant un bosquet d’arbres centenaires.
-Vient avec moi Illuël nous avons une dernière chose à faire avant de rejoindre ta compagnie.
Ils mirent pieds à terre et attachèrent les chevaux à des anneaux qui étaient scellés dans l’écorce de certains arbres.
- Suis-moi Illuël.
Ayïuel s’avança dans le bosquet d’arbre doucement, et alors qu’il s’avançait les branches s’entrouvrirent lentement pour former un passage aux deux frères.
Une fois entrés dans le bosquet Illuël vit la volée de marches en marbres qui s’enfonçait sous la clairière au cœur des arbres dans le noir.
Illuël se tourna vers son frère
-Serait ce un temple en l’honneur de ta divinité ?
-Oui mon cher frère, je dois m’y ressourcer avant notre départ, pour que je retrouve pleinement mon statut de membre de son clergé. Mais suis moi, tu peux y assister.
Ayïuel s’avança et commença à descendre les marches, Illuël le suivit et sentit l’air rafraîchissant qui venait du bas des escaliers. Le passage semblait bizarrement naturel puisque les murs n’étaient ni parfait ni réellement imparfait, aucun coup de pioche ou autre ne semblait visible sur les parois. Les marches aussi, bien qu’en marbre semblaient être des affleurements naturels de la roche. Ils s’avançaient dans le noir mais leur origine leur permettait de voir parfaitement dans le noir naturel comme en plein jour.
Une fois arrivé en bas, Illuël ne put s’empêcher un petit sifflet d’admiration.
La pièce semblait carrée bien que les murs semblaient être dotés d’une vie propre et de mouvements.
Il semblait à Illuël que la pièce tanguait doucement, presque comme les bras d’une maman qui berce son bébé.
Au centre de celle-ci, une petite pièce d’eau semblait creusée à même les dalles de marbre.
Illuël s’approcha et vit que l’eau était tellement claire qu’on pouvait parfaitement voir le fond.
Quatre piliers étaient disposés aux quatre coins du bassin, chacune de ces statues représentaient une magnifique femme qu’on pouvait deviner être la même à son visage. Entourée d’éléments de la nature représentant les quatre saisons. Ses vêtements aussi permettaient de savoir quelle statue représentait quelle saison.
Ayïuel déposa de petites offrandes aux pieds des quatre statues tout en s’agenouillant quelques instants devant chacune d’elles.
Puis il enleva son équipement et ses protections pour ne garder sur lui que sa robe en soie verte.
Et il rentra dans l’eau doucement, jusqu’à en avoir jusqu’à la taille.
Il leva les bras en l’air en signe de soumission, et se mit à prier.
Illuël qui ne connaissait que trop bien les rituels de son frère, alla se poser dans un coin de la pièce depuis lequel il pouvait suivre le cérémonial sans le gêner et sans rester au milieu.
Lorsque la lumière bleue commença à sortir des statues comme autant de petites étincelles de saphir, Illuël se recula un peu plus encore pour embrasser du regard l’entièreté du décor.
Il remarqua au plafond d’immenses racines qui semblaient pousser depuis l’extérieur pour rentrer dans la pièce. Il ne lui sembla pas que ces racines étaient là lorsqu’ils étaient entrés dans la pièce. Mais comme rien n’indiquait que quelque chose avait bougé, Illuël conclut qu’il n’avait pas bien regardé.
Son frère s’agenouilla dans la mare d’eau, les bras toujours levés vers le haut. Les petites lumières comme autant de lucioles de couleurs se rapprochèrent des bras d’Ayïuel, jusqu’à former comme un pont de lumière entre lui et les statues. Symbolisant le lien très fort qui liait cet homme d’église et sa sainte patronne.
Illuël entendit avant qu’il les vit les essaims d’insectes qui formèrent des espèces de tunnels autour des lumières bleues.
Lorsque tout sembla en place, une lumière intense s’éleva depuis la mare, entourant Ayïuel. Illuël détourna les yeux et du se protéger avec sa robe car l’éclat était trop fort.
Lorsqu’il se retourna il ne reconnut pas tout d’abord son frère. Il avait changé, il rayonnait une puissance incroyable. Il se tenait plus droit encore qu’à son habitude et ses vêtements avaient changés.
Il se tourna et interpella son frère :
-Et bien je suis prêt, j’ais la bénédiction de ma déesse, donc nous pouvons aller rejoindre tes compagnons.
Illuël regarda partout dans la pièce, nulle trace ne restait ni des racines, ni des insectes ni même des étranges lumières…
Un instant il crut avoir rêvé la scène mais savait dans son fort intérieur qu’il l’avait réellement vécue.
Il ramassa l’équipement qu’il avait déposé par terre et se dirigea vers les escaliers qui remontaient à la surface.
Il était temps de rejoindre le groupe.
L’homme entra dans la taverne une capuche en cuir sur le front couvrait son visage et ne laissait apparaître au regard que deux lueurs rouge sang au sein de la pénombre de son couvre chef.
Il tourna la tête semblant chercher quelque chose du regard qu’il trouva apparemment.
Il se mit en marche en direction d’une table enfumée loin de la cohut des clients plus habituels.
Sur la table deux bougies noires exhalaient des fumées blanches épaisses couvrant l’endroit et cachant presque entièrement les gens réunis autour de cette table. Bizarrement alors que ces ombres semblaient s’agiter et faire de grands gestes, aucun bruit ne venait de cette table gêner les autres bruits de la taverne.
Alors qu’il s’approchait il attrapa une chaise à une table inoccupée et la posa comme un brin de paille devant la table enfumée.
Lorsqu’il entra dans le nuage, il ne put retenir sa surprise du au volume sonore de la conversation de ses compagnons.
-Mais enfin si je vous dis que les écailles noires sont arrivés comme des furies, et ont exterminés ces hommes.
-Et bien je n’ais pas encore confirmation de ce que tu dis figure toi….
-Oui mais je suis sur de ce que j’avance c’est un des laquais du maire qui m’a fournit les informations.
L’homme qui venait de s’asseoir prit la parole.
-Messieurs un peu de calme !
Toute la tablé se retourna comme un seul homme surprise par la voix calme mais ferme qui venait de s’élever.
L’homme attrapa la capuche à deux mains et la fit glisser le long de son visage.
Des cris de stupeurs et de surprises montèrent autour de la table.
-Vous me connaissez tous. Si je suis ici et que j’ais accès à cette table c’est que je suis moi aussi envoyé par votre commanditaire. Il m’a chargé de prendre le commandement de votre groupe tout du moins jusqu’à ce que mon engagement se termine.
- Excusez-moi mais je ne prêterais certainement pas allégeance à un orque.
L’homme à la voix fluette qui venait de parler était habillé de soie noire plutôt classique.
Une dague pendait à sa ceinture ainsi que plusieurs petites bourses.
Il n’entendit ni ne sentit pas le couteau qui se planta dans sa jugulaire et qui décrivit un arc de cercle complet jusqu’à son autre jugulaire.
Il s’affala sur la table du sang coulant le long de ses vêtements partout autour de lui.
Les convives regardèrent et virent que la table était entourée d’orques armes au clair.
Celui qui les avait rejoints reprit :
-Et bien qui donc souhaite encore prendre congé ? Messieurs ?
Le silence autour de la table ne laissait pas de doute quand à l’effet produit par l’exécution.
-Bien, reprenons, les hommes envoyés à la mairie n’ont rien fait si ce n’est prévenir nos adversaires que nous les chassions. Ce n’est pas spécialement grave en fait.
Ils ont pris livraison des prêtresses et devraient maintenant prendre congés d’Horalie d’ici à demain. Vos montures sont prêtes et vous avez peu de temps pour aller préparer vos affaires.
Je compte sur vous pour être ici même à la levé du soleil avec votre équipement.
Y’a-t-il des questions ?
-Oui ! Pourquoi vous avoir choisi vous ?
-Et bien il serait bon de demander à notre commanditaire mais je pense que mon passé avec Gerrit est la principale raison de ma position. Ainsi que mes connaissances sur ses habitudes et ses compagnons.
-Mais justement votre ressentiment ne risque t’il pas de jouer en notre défaveur ?
-Et bien pensez ce que vous voulez, obéissez et vous serez vivant pour pouvoir juger de mes compétences à accomplir ma mission. A ce propos messieurs le temps passe et je ne suis pas patient.
L’orque sourit découvrant des canines pointues particulièrement acérée.
Les personnes autour de la table se levèrent et partirent sans un regard pour le cadavre qui était resté sur sa chaise. Les autres orques prirent positions autour de la table dans la fumée, celui qui prit la position du cadavre le fit rouler par terre non sans prendre soin d’arracher les bourses qui pendaient à sa ceinture.